Lettre d'un citoyen du monde à madame le ministre TOURAINE
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- 13 Nov
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LETTRE D'UN CITOYEN DU MONDE à MADAME LE MINISTRE TOURAINE
Madame la Ministre
Il est sept heures…Comme chaque matin, et depuis plusieurs semaines, l’infirmière vient m’injecter 12 000 UI anti Xa INNOHEP. Mon ventre commence à me brûler...Aujourd’hui je vais présenter ma cuisse, gauche ou droite !Très ponctuelle, très professionnelle et très sympathique cette infirmière !Toutes celles et tous ceux que je fréquente depuis plusieurs semaines, chez moi, à l’HÔPITAL PUBLIC de SALLANCHES et au C.H.U. ESTAING de CLERMONT-FERRAND, méritent ma considération et ma reconnaissance ! Et je leur exprime mes sentiments, sincèrement et simplement !Je remarque l’attitude bienveillante de ces personnes qui ont choisi ce travail, j’allais dire « cette vocation », pour garantir à chacun d’entre nous la meilleure santé.Merci, de tout cœur, à tout le personnel soignant! Madame la Ministre, mon cas n’est pas rare… malheureusement !Le 8 juillet 2 016, j’ai attendu durant sept heures aux URGENCES du C.H. de SALLANCHES, en HAUTE-SAVOIE, et pour un problème grave !D’autres personnes ont été également...très patientes.Et
en juillet 2 016, cette journée dans cet HÔPITAL PUBLIC n’était pas exceptionnelle. J’ai ensuite été hospitalisé, en août, au C.H.U. ESTAING de CLERMONT-FERRAND… mais l’absence du chirurgien a retardé mon opération.Cet Etablissement public ne peut m’assurer une nouvelle intervention … que dans plusieurs mois… et propose que l’ablation de ma vésicule biliaire se pratique dans une clinique privée, cliniques nombreuses dans la région et dans notre beau et grand pays doté pourtant d’un système unique de Protection Sociale !J’ai donc… « le choix » !!!Attendre pour me faire soigner dans un Etablissement public ou payer dans une Clinique privée, tout en continuant à cotiser pour la Sécurité Sociale, tout en « acceptant » des dépassements d’honoraires que je dénonce et combats car ils sont aberrants, injustifiés et injustes, tout en me disant que « je creuse le déficit de la sécu et que j’engraisse les actionnaires des Etablissements privés VITALIA ! »Madame la Ministre, les « réformes » de la santé publiques ont lentement mais sûrement créé dans notre pays un Hôpital à deux vitesses, certains disent à 36 vitesses !Je tiens encore et toujours à préciser les responsabilités de chacun, considérant que les structures hospitalières de notre pays sont de moins en moins adéquates pour défendre la justice et la solidarité dans un domaine pourtant primordial car vital.Je tiens encore et toujours à préciser que c’est le personnel hospitalier qui, bon gré mal gré, par conscience professionnelle et humanité certaine, doit s’adapter le mieux possible à une situation difficile, je dirais de plus en plus difficile, depuis plusieurs années…
Je constate avec étonnement et regret, voire stupeur et abattement, que les contestations et autres critiques du Parti socialiste à l’égard de la politique de Santé, parfois virulentes lorsqu’il était « dans l’opposition », sont peu souvent exprimées dans les médias depuis que la Gauche gouverne notre beau et grand pays… comme si les problèmes fondamentaux avaient été résolus ! Votre silence auprès de la population est souvent assourdissant à propos des plans de retour à l’équilibre, à propos de la loi H.P.S.T., dite loi BACHELOT, à propos de la privatisation de l’Hôpital public...et aussi, Madame la Ministre, à propos du manque de docteurs en médecine… Depuis 1971, avec l’instauration du numerus clausus, la pénurie des professionnels de santé est inquiétante. La révision de ce numerus clausus en l’an 2 000 et le recours à des médecins étrangers ne permettent pas aujourd’hui de retrouver le nombre suffisant de médecins. Comment alors prétendre sécuriser une population inquiète et prétendre à une sérénité indispensable aussi bien chez les malades que chez les soignants ? Aujourd’hui, 26 % des postes de praticiens restent vacants. L’inquiétude est particulièrement criante en ophtalmologie, en radiologie, en cancérologie, avec des taux de pénurie de près de 40 % ! Je lis, dans certaines revues, en général spécialisées, certaines de vos interventions qui restent malheureusement trop souvent confidentielles et méconnues de la majorité des Françaises et des Français. Certes, le 6 mars 2 013, vous prétendiez vouloir « expédier la loi BACHELOT à la casse » comme le disait certain journaliste. Vous disiez avec raison que la T2A avait trouvé ses limites par ses effets pervers, par l’inflation, la segmentation des activités, la priorité aux traitements courts.
Quelles sont aujourd’hui les conclusions de votre intervention et les actions accomplies ou en voie de l'être? Vous vouliez aussi un Comité de référence de la tarification hospitalière ainsi qu’une autre gouvernance équilibrée…Où en sont vos « belles » propositions ? Vous avez lancé le 23 septembre 2 013 « un vaste projet de refonte de notre système de santé » que vous avez mis au point le 29 juin 2 016. QUI est informé, dans la population, de ce sujet pourtant vital ? Vous connaissez la vraie situation générale de la Santé publique dans notre pays, ou alors vous seriez « grave incompétente » comme dirait mon petit-fils, mais ne préférez - vous pas vous taire, ne pas nous informer « sans langue de bois », pensant que Nous, population de FRANCE et de NAVARRE, sommes incapables de constater, de comprendre et d’agir en conséquence ? Bien sûr, vous n’ignorez pas que les besoins en matière de santé augmentent, que l’activité des HÔPITAUX publics se développe, que le nombre de passages en urgences s’intensifie, que, depuis janvier 2 008, la fameuse T2A est la principale cause de travail à flux tendu, que l’HÔPITAL public a de moins en moins de moyens pour assurer sa mission… VOUS LE SAVEZ, VOUS, Madame la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé ! Votre attitude est alors inadmissible pour les citoyens que nous sommes. En tout cas, elle dénote à mon humble avis un certain mépris à notre égard. Je souhaite, comme toutes les Françaises et tous les Français que je connais, des soins de qualité pour tous et sur tout le territoire. Je ne souhaite pas que la Santé devienne une marchandise, l’Etablissement public de soins une Entreprise, les patients des clients et les médecins des manageurs ! Vous faites partie d’un gouvernement dit de gauche… mais ce gouvernement privilégie les lois du marché, même dans certains domaines « qui n’ont rien de marchand », et j’ai la désagréable impression que ce pouvoir politique place l’argent avant l’Homme. Il est grand temps que vous oeuvriez pour une véritable politique de Santé et de Protection Sociale !
NON, la Santé ne coûte pas trop cher ! La progression de ces dépenses est due à la réalité heureuse de l’allongement de la durée de vie, à la malheureuse progression des maladies chroniques, à la persistance inadmissible des inégalités sociales…OUI, cette progression des dépenses de santé est une marque heureuse de développement et d’épanouissement humain et je crois un progrès de civilisation car chaque individu est alors assuré d’être traité plus dignement ! vous compreniez que les Françaises et les Français ne sont ni des ignares ni « des veaux". Il est temps que vous compreniez que les plus éminents Responsables de la Société et de la Culture ont toujours bénéfice et qualité à essayer d’élever chaque Individu à la fonction de Citoyens !
Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, mes sentiments respectueux dus à votre honorable fonction. J’espère que vous comprendrez que ces sentiments puissent être accompagnés d’une grande déception, voire parfois d’une colère que j’ai quelque difficulté à dissimuler.
A.....le 18 septembre 2016